Mounir Mahjoubi vient de succéder à Benoît Thieulin à la tête du Conseil national du numérique. L’un dresse son bilan, l’autre annonce les chantiers à venir.
En 1996, l’essayiste américain John Perry Barlow publiait sa «Déclaration d’indépendance du cyberespace», devenue emblématique des cyberutopies libertaires. Vingt ans après, Etats et entreprises ont repris la main, mais l’imaginaire de réinvention sociale n’a pas disparu.
Le texte est examiné à partir de cet après-midi. De l’étendue de l’ouverture des données publiques à la «portabilité» des données privées en passant par les «biens communs numériques», les points de débat sont nombreux.
«Une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel»: ainsi le philosophe français Pierre Lévy définissait-il, en 1994, «l’intelligence collective», vue comme finalité sociale idéale de l’informatique communiquante… Vieux rêve d’un «hypercortex numérique» porté par bien des pionniers de l’Internet et du Web, qui combine le «pouvoir d’agir», offert aux individus par l’ordinateur personnel, et la construction collaborative des savoirs par la libre circulation des connaissances sur le réseau.
Pour la secrétaire d’Etat chargée du Numérique, la «coconstruction» en ligne expérimentée pour le projet de loi numérique est une façon de «renouveler le débat démocratique». Quitte à «nourrir des déceptions».
Le secrétariat d’Etat au Numérique doit publier ce vendredi les résultats du questionnaire envoyé aux inscrits sur la plateforme «République numérique». «Libération» a pu les consulter en amont.
Pour ce spécialiste des usages numériques, le Réseau, produit du complexe militaro-scientifique, vise une forme d’auto-organisation qui s’affranchirait de toute autorité politique.
Adopté en Conseil des ministres, le projet de loi numérique renforce l’ouverture des données publiques, les droits des internautes sur leurs données et l’accès au réseau pour les plus fragiles. Mais la «neutralité du Net» a été limitée, et les «biens communs numériques» abandonnés.
La légende veut que ce soit en souhaitant modifier le pilote d’une imprimante Xerox récalcitrante et en découvrant qu’il n’avait pas accès au code source que l’informaticien américain Richard Stallman ait eu, en 1980, le déclic qui le pousserait à initier le mouvement du «logiciel libre»: celui que chacun peut librement utiliser, étudier, modifier et partager - ce qui implique l’ouverture du code.
La consultation en ligne sur le projet de loi «pour la République numérique», qui a mobilisé plus de 20 000 contributeurs, se termine ce dimanche à minuit. Les propositions des internautes seront arbitrées cette semaine.
Régulation. Les pratiques numériques ont fait émerger de nouvelles ressources partagées. Leur reconnaissance est l’un des enjeux du projet de loi Lemaire.
De Wikipédia aux logiciels libres, des Creative Commons à l’Open Access, l’informatique et Internet ont fait émerger de nouveaux «biens communs». Quelle place leur donner? La question est au cœur du débat sur le projet de loi numérique.
Comment encourager la diffusion des savoirs et de la culture? La question fait débat alors que le projet de loi sur «la République numérique» est soumis à consultation.
La Commission informatique et liberté a rejeté le recours de Google et lui redemande d’étendre à tout son moteur de recherche le droit au déréférencement reconnu en Europe.
Ces huit élus se sont opposés au texte sur la surveillance au nom du «refus des abus de pouvoir». De gauche à droite sur la photo, extraits de leurs discours dans l’hémicycle.
Boosté par les scandales de surveillance numérique, le réseau d’anonymisation enregistre depuis un an un afflux conséquent d’utilisateurs. Ce changement d’échelle et de périmètre pose à ses développeurs des défis complexes.
Le piratage du courrier électronique de parlementaires européens en pleine négociation sur le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, pose la question de la souveraineté technologique.
Tandis que les gouvernements européens sont à leur tour éclaboussés par les révélations d’Edward Snowden, les «petites mains» du réseau, elles, s’attellent à compliquer la tâche des agences de renseignement.